La compassion, pour des entreprises plus humaines

Au-delà du développement du savoir-faire, certaines entreprises choisissent d’intégrer à leur ADN le développement du savoir-être, spécifiquement les notions de compassion et de bienveillance. Ces notions permettent de créer des liens humains plus forts et plus harmonieux. Mais quels avantages auriez-vous à reproduire ces efforts dans votre milieu de travail ?

Compassion & relations

Des chercheurs se sont penchés sur la pratique de la compassion et ont démontré que ce sentiment transforme notre perception des autres et de nous-mêmes, tout en nous invitant à revoir notre conception du bonheur. Il a été noté entre autres que: l’expression de la compassion influence le regard que nous portons sur la vie. De plus, la compassion modifie les circuits neuronaux qui conditionnent le cerveau, et permet la transformation de l’état émotionnel de base. 

Mais qu’est-ce que la compassion ? Selon la tradition bouddhiste, elle se définit comme étant le désir de mettre fin aux souffrances d’autrui et à leurs causes. Basée sur le principe d’interdépendance, c’est-à-dire le fait que nous sommes tous reliés aux autres, la compassion se veut le liant qui nous aide à entrer en relations harmonieuses d’abord avec nous-mêmes et ensuite avec autrui.

Compassion & jugement 

Notre perception du monde se forme à partir de nos expériences et de nos croyances. Elle est unique. Accepter que les autres voient et vivent les choses différemment est une prémisse pour s’exercer à la compassion. Il est important de demeurer attentif au fait que tout jugement porté sur soi ou sur autrui part toujours de soi. Souhaiter cultiver la bienveillance nécessite de l’ouverture et demande à mettre de côté deux réactions contreproductives, soient celle d’avoir toutes les réponses ou d’avoir toujours raison. 

Si la compassion exige une suspension des opinions sur ses semblables, elle requiert prioritairement un retrait de l’autocritique. Dans son livre « S’aimer : Comment se réconcilier avec soi-même », la psychologue Kristin Neff mentionne que l’arrêt du jugement ne consiste pas seulement à cesser de s’autocritiquer, mais qu’il est également primordial d’apprendre à se réconforter en cas d’échec ou de souffrance. Le jugement envers soi engendre tristesse et culpabilité. En acceptant les faits, tels qu’ils se présentent, sans y poser une étiquette positive ou négative et en demeurant spectateur, il devient alors possible de porter une attention bienveillante sur une situation.

Compassion & présence attentive

La présence attentive ou mindfulness existe depuis 2500 ans. Au tournant des années 1980, avec l’engouement des scientifiques pour le concept, la notion de présence attentive a été popularisée pour ses bienfaits. En résumé, cette pratique qui consiste à être 100 % attentif à son environnement intérieur et extérieur permet d’être vigilant à ce qui nous entoure et d’observer les faits avec curiosité, ouverture et bienveillance. 

S’arrêter régulièrement et observer avec recul est une action fort bénéfique, mais le faisons-nous assez souvent ? S’y exercer permet d’obtenir une nouvelle perspective et ainsi de mieux comprendre nos réactions, nos insatisfactions, nos états d’âme. Trop souvent exigeant envers nous-mêmes, nous manquons parfois de douceur et de bonté. Cultiver cette vertu permettrait peut-être d’arriver à la fin de la journée moins épuisé, plus serein et moins stressé, non ?

Compassion & travail 

Selon Matthieu Ricard, moine bouddhiste renommé, la pratique de la pleine conscience est encore trop souvent présentée aux dirigeants comme étant uniquement un outil pour diminuer le stress, augmenter la concentration et l’efficacité. Bien entendu, ces bienfaits sont prouvés, mais selon lui, plusieurs dimensions essentielles tout aussi riches pour l’entreprise et pour les gens qui y travaillent sont alors oubliées. Parmi celles-ci on retrouve la possibilité de :

• Trouver plus de justesse dans la prise de décision ;
• Développer une connaissance de soi plus juste ;
• Développer l’habitude à mieux prendre soin des collègues et collaborateurs de façon bienveillante.

Alors, favoriser l’harmonie au travail et l’épanouissement de chacun ne commencerait-il pas justement en cultivant plus de compassion ?